Témoignages
Préambule
Voici le témoignage d'un papa et deux exemples de situations réelles qui se sont déroulée lors des visites du clown à l'hôpital. Pour des raisons liées à la déontologie les prénoms des patientes ont été changés.
Témoignage de Frédéric (un papa) qui l'a diffusé sur facebook et qui m'a autorisé à le publier ici
Le 9 Octobre dernier, mon fils de 12 ans a fait une très grave chute de vélo. Bilan: la clavicule s'est brisée en deux sur le coup et son avant bras aussi! Évacué par les pompiers vers le C.H.U, il a été hospitalisé au service de chirurgie pédiatrique. Bien entendu, j'ai été à son chevet et je me suis aperçu qu'il y avait trois enfants dans la chambre aussi mal en point que lui. Quatre enfants en tout avec mon fils. Quatre familles inquiètes et faisant ce qu'elles peuvent pour rassurer, soutenir tout en aimant de tout notre cœur. Beaucoup de souffrances chez ces enfants qui espèrent une rémission rapide.
Et puis, il y a eu ce moment magique. Oui, ce moment est magique. Un "clown" est arrivé dans la chambre. Un clown, un vrai. Un rigolo, pas un de ces terrifiants à la mode qui essaient d'effrayer, non. Celui-là, il avait tout l'accoutrement! Un nez rouge, un maquillage, une voix de crécelle! Et il est venu distraire les enfants avec les parents. Je me souviens de lui et je sais que c'est magique parce qu'à la télé, il y avait un match de foot avec l'équipe de France (mais impossible de me souvenir de l'adversaire). Cela a été magique parce qu'entre les aficionados de foot et les hypnotisés de l'écran, son talent a été tel qu'il a réussi à captiver l'auditoire avec ses gags et ses numéros de "magie" aussi.
Mon fils n'était pas très éveillé le jour où le clown est venu, il dormait "assommé" par le calmant de cheval qu'on lui avait donné tellement il souffrait. Néanmoins, les rires des enfants présents résonnaient dans les couloirs de l'hôpital en fendant les angoisses, en pourfendant les inquiétudes, et en perforant la tristesse! Et quand les rires des enfants et des adultes se sont mêlés, j'ai pu même voir passer dans le couloir, car la porte était grande ouverte, des médecins qui "souriaient" aussi, ce qui, au vu de certains contextes, étaient bien plus que magique: c'était un miracle!
Mon fils a ouvert les yeux, il a regardé le clown faire son tour de magie puis il a dit faiblement: "mon papa aussi sait faire de la magie". Et voilà que ça a intrigué le clown qui m'a demandé si j'étais aussi magicien. Il m'a proposé de faire un tour ou deux, ce que j'ai fait, et puis, entre "magiciens", nous nous en sommes échangés quelques-uns avec plaisir.
Ce clown est merveilleux pour les enfants hospitalisés et pour les parents d'enfants hospitalisés. Il est utile, nécessaire, et "magique"! Est-ce que vous vous rendez compte? Entendre des rires d'enfants et de parents dans un service pédiatrique! C'est fabuleux! C'est magique! Et la lumière dans les yeux des petits à ce moment-là! Et il semble même que certains comprennent alors toute l'inutilité de leurs tablettes numériques qui ne les feront jamais autant rire que ce clown!
Je vous demande, de tout mon cœur, de soutenir l'action de Roberto le Clown de l'hôpital, et ce sera, je l'espère, autant d'enfants et de parents qui continueront à rire quand la maladie, cruelle parfois, viendra les faire souffrir au quotidien. Voilà ce que je vous invite à faire! C'est important. C'est très important. C'est indispensable. Cher clown Roberto ce témoignage c'est pour vous! C’est ma manière (modeste) de vous remercier.
Frédéric, papa et écrivain.
Visite de la chambre de Sophie
En examinant la situation au seuil de la porte de la chambre je vois une fillette de 5 ans environ, assise sur son lit, les yeux dans le vague. A coté, sa mère est assise et se tient courbée la tête dans les mains. Je fais hum hum pour annoncer ma présence, la mère se redresse et m’accorde un petit sourire, la fillette n’a aucune réaction et continue à fixer le mur en face d’elle. Je pose mon mini rikiki parapluie de clown et je me mets à jongler. Je rentre en observant la fillette (oui je peux jongler tout en regardant autre chose que mes baballes) Aucune réaction. Je me poste en face d’elle et pas plus de réaction. J’envoie une des balles à la mère de la fillette en disant "attrape la balle" puis "renvois la balle" tout en continuant à jongler. Pas de réaction de la petite patiente. Alors je passe devant le lit ou est installée Sophie et patatra, je tombe par terre comme si elle m’avait fait un croche-pied. Miracle, les yeux de Sophie s’allument et elle rit. J’ai recommencé ce manège 20 fois avec le même résultat. La maman de Sophie étonnée m’annonce alors que sa fille a été victime d’un A.V.C. il y a 5 jours et que c’était sa première réaction depuis ce malheureux événement. Cela m’a profondément marqué et je me suis senti plus utile que quand je fais un spectacle pour des gosses de gens aisés.
Visite de la chambre de sabine
En examinant la situation au seuil de la porte de la chambre je vois une jeune patiente de 10 ou 12 ans alitée et regardant le plafond. Sa mère assise à coté la regarde. Sabine est handicapée. Elle remarque ma présence et ses yeux se mettent à pétiller. S’engage alors un dialogue verbal improvisé. La jeune fille à un très gros problème d’élocution mais je parviens quand même à la comprendre. Et nous voilà en train de blaguer, de surenchérir dans l’humour, elle m’appelle "mon p’tit gars" et nous voilà tous les trois à rire à gorge déployée ce qui interpelle le personnel soignant. Voilà un, deux, puis quatre personnes du service qui passent le nez par la porte et entrent. Tous sont partagés entre le rire et l’étonnement. Pendant 15 minutes les traits d’humour se succèdent. On va chercher un petit cadeau pour Sabine "parce qu’un clown ca doit faire une surprise et mon p’tit gars, une surprise, ca doit être un cadeau". En sortant de la chambre le personnel soignant me coince en me demandant comment j’ai fait. Je suis étonné et je demande: comment j'ai fait quoi ? On me dit que c’est la première fois que Sabine s’exprimait dans le service et qu’eux n’étaient pas arrivés à lui faire dire une phrase malgré tous leurs efforts pour communiquer avec cette patiente. Je réponds que je ne sais pas comment j'ai fait, je me suis juste laissé aller, je suis un clown c’est tout et c'est peut être pour ça.